Menu

Édito n°10 : Graine de violence

image_pdfimage_print

La pré­pa­ra­tion de la Journée « Enfants vio­lents » bat son plein. Ce nou­veau numé­ro du Zappeur reflète les mul­tiples direc­tions dans les­quelles le thème est explo­ré : le ciné­ma, la lit­té­ra­ture, la cli­nique… Tout cela ne déflore en rien le conte­nu lui-même de la Journée, lequel consti­tue­ra le point d’orgue de deux années de tra­vail impul­sées par le for­mi­dable texte de Jacques-Alain Miller[1]Miller J.-A., « Enfants vio­lents », Après l’enfance, Paris, Navarin, coll. La petite Girafe, p. 195–207. au sein de l’Institut de l’enfant.

Ainsi nous arrive-t-il de lire l’actualité au prisme de ce thème, et par­fois de décou­vrir au détour d’un article une pépite qui éclaire notre recherche. Tel ce témoi­gnage de Tim Raue, jeune chef alle­mand dou­ble­ment étoi­lé, lorsqu’il affirme : « Je ne serais pas deve­nu chef étoi­lé s’il n’y avait pas eu cette force des­truc­trice en moi […] contre laquelle je me bats tous les jours depuis trente ans. »[2]Luyssen J. « Tim Raue, De l’aigre au goût », article paru dans le jour­nal Libération, édi­tion du 26/27 jan­vier 2019. Celui-ci a ren­con­tré « une graine de vio­lence » lorsqu’il était enfant et qu’il a su trans­for­mer en force créa­trice. « Cette graine était comme poin­tée direc­te­ment vers mon esto­mac. Elle a gros­si, jour après jour. »[3]Ibid. Cette vio­lence, d’abord subie, se trans­for­ma le jour où il ren­tra chez lui et qu’il trou­va son père qui l’attendait dans le salon : « Il avait bu. Il me dit que je ne suis qu’un bon à rien, un débile, que je n’arriverai à rien. Il me bous­cule et com­mence à vou­loir me taper, mais je par­viens à l’éviter et je le jette au sol. Quelque chose dans mon regard fait qu’il ne s’est pas levé. C’est la der­nière fois qu’il a essayé de me frap­per. J’ai ce regard en moi depuis. Cela conti­nue à être une expres­sion chez moi qui sym­bo­lise ça, la cen­trale nucléaire dia­bo­lique que ces humi­lia­tions enfan­tines ont construite en moi. Pendant de longues années, j’ai uti­li­sé ça comme une arme, un tic non ver­bal qui tue­rait toute dis­cus­sion dans l’œuf. C’est seule­ment avec le temps que j’ai réus­si […] à uti­li­ser cette éner­gie pour créer des plats. »[4]Ibid.

Pour la psy­cha­na­lyse, la graine de vio­lence est à consi­dé­rer avec res­pect, car elle peut être source de vie.

Hervé Damase

Notes

Notes
1 Miller J.-A., « Enfants vio­lents », Après l’enfance, Paris, Navarin, coll. La petite Girafe, p. 195–207.
2 Luyssen J. « Tim Raue, De l’aigre au goût », article paru dans le jour­nal Libération, édi­tion du 26/27 jan­vier 2019.
3, 4 Ibid.

Inscrivez-vous pour recevoir le Zapresse (les informations) et le Zappeur (la newsletter)

Le bulletin d’information qui vous renseigne sur les événements de l’Institut Psychanalytique de l’Enfant et des réseaux « Enfance » du Champ freudien, en France et en Belgique et Suisse francophone

La newsletter

Votre adresse email est utilisée uniquement pour vous envoyer nos newsletters et informations concernant les activités de l’Institut Psychanalytique de l’Enfant et du Champ freudien.