Sur “La différence autistique”

Dans l'introduction du livre "La différence autistique" (1), J.C. Maleval nous dit que les mouvements et organisations qui se mobilisent pour les droits des autistes sont à l'origine de nouvelles notions et concepts, ce qui crée également une "culture autistique". Il évoque un terme de plus en plus utilisé pour se référer à l’autisme : la neurodiversité. Il s'agirait d'une notion qui tenterait de penser l'autisme comme "un variant de l'humain, et non pas comme une maladie à soigner".

La neurodiversité ferait la différence entre les "neuroatypiques" et les "neurotypiques", différences basées sur des différences au niveau du cerveau. Le cerveau comme l'unité de mesure, ce qui fait différence ou normalité, en laissant de côté des aspects jadis importants pour la constitution d'un sujet : l'histoire, la culture, l'environnement, le social.

En s'appuyant sur d'autres auteurs, J.-C. Maleval amène cette question : malgré l'absence d'évidences médicales montrant que l'autisme est exclusivement une affaire de cerveau, les nouveaux paradigmes qui poussent à croire que le sujet est un cerveau ont comme corrélat que le sujet est le pur produit d'un programme orchestré par cet organe. Je suis mon cerveau ? Un cerveau sans corps ? Qu'en est-il des zones érogènes, des bords, des objets ? Le corps comme simple outil du cerveau aux manettes ? Quid de la place laissée à la possibilité de construire une quelconque responsabilité du sujet ? Dans cette configuration, où se trouve la dimension de l'inconscient ?

(1) Maleval J.-C., La différence autistique, ed. PUV, Saint-Denis, 2021.

Texte paru dans DIAGONAL, Le bulletin mensuel du NR-CEREDA francophone, Mai 2022.