Edito – 🎵 « Moi je dis que les bonbons valent mieux que la raison ! Â» đźŽµ

Que la pulsion ne suive pas la raison ne date pas d’hier. Et il n’y a pas que cette vieille chanson d’enfant qui est là pour l’attester. Cette comptine est une reprise de la chanson La Confidence qui date du XVIIIè siècle (même époque que Kant) ; elle était alors plutôt destinée aux jeunes personnes (d’après l’enfance) dont le corps est en émoi : « Ah ! vous dirai-je, Maman / Ce qui cause mon tourment ? / Depuis que j’ai vu Sylvandre, / Me regarder d’un air tendre, / Mon cœur dit à chaque instant / Peut-on vivre sans amant ? ». C’est lorsque l’école devint obligatoire que le motif de l’amant fut remplacé par celui des bonbons. Et voilà que la maxime qui rend l’école obligatoire rend en même temps visible ce qui ne rentre pas dans les rangs : papa aimerait que je raisonne comme une grande personne… mais non, on le sait, les bonbons valent mieux que la raison. Et ça exaspère professeurs et parents.

Les parents parlent de leur impuissance, de leur perte d’autorité, de contrôle. Disent parfois leur culpabilité. Il faut que l’enfant obéisse, qu’il se raisonne… Mais il hurle, veut des bonbons, et les milles et une raisons qu’on lui donne ne sont pas convaincantes, parce qu’au fond, pourquoi ces raisons vaudraient-elles mieux que les bonbons ?

Tout un marché trouve ici sa raison d’être : coaching parental, guides, livres, tutos, proposent un traitement par l’imaginaire des difficultés rencontrées dans l’exercice de la fonction parentale. Le discours qui sous-tend ce marché se structure autour d’un impératif : soit parent ! Et plus encore : soit un parent bienveillant ! Le pousse à l'idéal que les discours autour de la parentalité véhiculent creuse l’écart entre le règne du bonbon et celui de la raison. Le burn-out parental, nouvelle catégorie pour dire le mal-être parental, trouve ici sa raison. BurnoutTDAH vont ensemble, sans trait d’union, comme un compact, tous deux issus d’un même lit, celui de la science et du capitalisme.
Une raison qui ne serait pas du semblant se supporte de ce qui résonne : c’est la raison de notre affiche et celle de notre journée. Ah, vous dirais-je / entonne la psychanalyse / Peut-on vivre sans désir ?
Le texte d’Adriana Campos nous donne des éléments fondamentaux pour répondre à cette question.
Bonne lecture.