Édito – Y a‑t-il quelqu’un à qui parler ?
« Du point de vue de l’adulte, est problématique tout phénomène qui s’oppose à son pouvoir de mobiliser l’attention de l’enfant, pour des tâches d’apprentissage tout particulièrement. Cette situation de l’adulte qui échoue à obtenir durablement l’attention de l’enfant porte un nom : le problème de l’enfant turbulent ». Telle est l’origine de ce qui trouvera rapidement à se nommer « Trouble de l’Attention avec ou sans hyperactivité », et à être associé à une lésion dite-neuro, dans le même temps où étaient proposés des traitements médicamenteux ad-hoc, notamment la Ritaline®.
Depuis, « l’espoir de ramener à la raison les enfants qui manifestent leur opposition, en famille ou à l’école »[1] n’a pas tari. Il existe même désormais des lieux spécifiques pour les recevoir, les diagnostiquer et les inscrire dans un projet prêt à porter à partir de leur supposé trouble neurodéveloppemental. Ce sont les plateformes.
Bruno Alivon en éclaire les enjeux et nous invite à repenser les lieux, non d’écoute, puisqu’« aujourd’hui [un lieu d’écoute est] un endroit où un sujet est invité à déblatérer à tire-larigot », mais « un lieu où le bavardage prend la tournure de la question, et la question elle-même la tournure de la réponse. Il n’y a [ces lieux] qu’à la condition que, par l’opération de l’analyste, le bavardage se révèle contenir un trésor, celui d’un sens autre qui vaut comme réponse, c’est-à-dire comme savoir dit inconscient »[2].
Où seront alors reçus parents et enfants demain ?
[1] Keller P.-H., « L’enfant hyperactif, un mythe collectif bien singulier », À l’écoute des enfants hyperactifs, s./dir Ponnou, Nîmes, Champ social, 2022, pp. 83-84.
[2] Miller J.-A., « Vers Pipol 4 », disponible sur internet.