Bibliographie

L'atelier bibliographique

Une bibliographie sur la sexuation des enfants, quelle affaire, quand nulle part dans le corpus analytique les termes ne cohabitent, quand les positions de jouissance résistent au dire, et que la chose sans arrêt nous ramène à une différence entre les sexes qui ne cesse pas de ne pas s’écrire… 

« Nous sommes dans un atelier. » Ainsi dit Jacques-Alain Miller dans Une lecture du Séminaire D’un Autre à l’autre, quand émerge chez Lacan la formule qui remaniera tout son enseignement : « Il n’y a pas de rapport sexuel ». Gardons la formule, et élargissons l’angle : nous sommes, avec cette bibliographie, dans un atelier – celui des concepts forgés par la psychanalyse pour rendre compte de la manière dont les êtres parlants se débrouillent de la question des sexes, la « sexuation » constituant la dernière manière lacanienne de s’y rapporter.

Ce terme de sexuation n’apparait que tardivement dans le vocabulaire analytique. Lacan en use, après le Séminaire …ou pire, pour nommer les formules logiques inventées pour distinguer des positions de jouissance. Jacques-Alain Miller l’extrait dès le début de son enseignement comme un signifiant chargé de rupture ; il le propose aujourd’hui à l’Institut de l’Enfant pour éclairer d’un jour nouveau ce que l’expérience analytique et l’époque permettent de saisir quant à la façon dont le sexe vient aux enfants.

Il faut, pour s’y retrouver, revenir à Freud et au Lacan d’avant la sexuation. Le savoir élaboré par la psychanalyse n’est pas statique ; il est constamment en mouvement, se réinterrogeant sans cesse, allant parfois jusqu’à la contradiction. Pour cette première présentation de la bibliographie, c’est un parcours chronologique dans les œuvres que nous proposons, pour cerner l’émergence et le rayonnement de cette question de la sexuation – dont on ne trouvera la première occurrence qu’à la page 37.

Il faut à l’enfant faire avec un corps affecté de jouissance : cela, Freud l’avait pressenti dès ses premières élaborations de la sexualité infantile. Qu’il y ait des hommes et des femmes est par ailleurs une énigme que l’enfant cherche à résoudre en comparant, en regardant, en se questionnant, en rejetant, en s’identifiant, en parlant... pour à son tour prendre position. On pourrait dire que tout commence, en matière de sexuation des enfants, avec le petit Hans, et jusqu’à la toute fin de son enseignement Lacan y revient – sa « Conférence à Genève sur le symptôme » en 1975 en donne une lecture renouvelée. Suivons ce fil, tendu jusqu’à nous par J.-A. Miller et Éric Laurent.

Depuis plusieurs mois, une équipe de lecteurs rigoureux et attentifs s’est mise au travail pour recueillir le plus vif de ces élaborations, dans les textes de S. Freud, J. Lacan, J.-A. Miller et É. Laurent. Nous vous invitons à découvrir, dans cette première version de la bibliographie, une sélection de leurs précieuses lectures. Cette sélection servira, nous l’espérons, le travail de l’Atelier de l’Institut de l’Enfant dans la préparation de sa prochaine Journée. Et la bibliographie se nourrira, en retour, des avancées des travaux de l’Atelier, qui la feront évoluer, s’étoffer et se recomposer.

Vous pourrez aussi découvrir sur le site, à la rubrique « Bibliographie », un fichier préparé par Deborah Gutermann-Jacquet de références dites « hors-champ », qui propose une vaste sélection d’ouvrages touchant au thème et relevant d’autres discours et d’autres savoirs que celui issu de l’expérience analytique. L’Institut Psychanalytique de l’Enfant continue à s’entretenir avec d’autres discours.

Claire Brisson et Michel Héraud

Bibliographie

La sexuation des enfants


À télécharger ici

Références

Hors-Champ


À télécharger ici

Pépites

Freud, Lacan, Miller, Laurent

 



« Les premières communications relatives à Hans datent du temps où il n’avait pas encore tout à fait 3 ans. Il manifestait alors, par divers propos et questions, un intérêt tout particulièrement vif pour cette partie de son corps qu’il était accoutumé à désigner du nom de "fait-pipi". »

Sigmund FREUD, « Analyse d’une phobie chez un petit garçon de 5 ans (Le petit Hans) » (1909), Cinq psychanalyses, Paris, PUF, 1967, p. 95-96.

 
« La castration ne saurait en aucun cas être réduite à l’anecdote, à l’accident, à l’intervention maladroite d’un propos de menace ni même de censure. La structure est logique. »

Jacques LACAN, Le Séminaire, livre XIX, ...ou pire, Paris, Seuil, 2011, p. 40.

-« L’être de ces femmes pas-toutes ne passe pas par le corps, mais par ce qui résulte d’une exigence logique dans la parole. »

Jacques LACAN, Le Séminaire, livre XX, Encore, Paris, Seuil, 1975, p. 15.

« La sexuation, c’est le choix du sexe. Ce choix est aussi la question que pose Freud à travers le choix d’objet. Le choix du sexe est, si l’on veut, le retour du choix d’objet. »

Jacques-Alain MILLER, « L’orientation lacanienne, Les divins détails » (1988-1989), enseignement prononcé dans le cadre du Département de psychanalyse de l’université Paris VIII, leçon du 15 mars 1989 (inédit).

« Sexuation veut dire subjectivation du sexe. »

Jacques-Alain MILLER, « L’orientation lacanienne, De la nature des semblants » (1991-1992), enseignement prononcé dans le cadre du Département de psychanalyse de l’université Paris VIII, leçon du 12 février 1992 (inédit).

« L’enfant a-t-il ou non un rapport direct à la position féminine de sa mère ? À quoi il faut répondre oui, car nous en avons des preuves cliniques dans un ensemble de phénomènes liés aux fixations précoces de la sexuation infantile. »

Éric LAURENT, « La psychanalyse guérit-elle du transfert ? », conférence donnée dans le cadre de l’antenne clinique de Dijon le 26 novembre 2011.