Édito

Par Aurélie Charpentier-Libert

Sexe, ratage et symptôme

L’actualité médiatique continue dans son élan de faire écho à celles et ceux qui sortent du silence et des squelettes du placard. Ces histoires révélées, c’est la cacophonie dans les réactions de ceux concernés de près ou de loin : politique, médias, justice, tous s’embrouillent face à ce qu’il y aurait à rectifier, avouer, juger …

Ligues sportives, milieux artistique et littéraire, école, les affaires tombent comme s’il en pleuvait. Les écoles tentent de répondre aux vidéos volées de tels jeunes s’exhibant ou exhibant « une camarade », les tribunaux, pourtant débordés de dossiers, reprennent les plus médiatisées.

C’est l’affolement dans le discours courant.

Comment pourrait-il en être autrement en la matière ? Ce que l’on sait de manière sûre grâce à Freud et Lacan c’est que le rapport du sujet au sexe est traumatique, le ratage est la règle. Comment dès lors les institutions peuvent se situer au plus juste quand une mauvaise rencontre heurte le drame intime du sujet ?

Les travaux originaux du CIEN œuvrent à trouver une façon de répondre. Ainsi Philippe Lacadée, dans un texte à la fois vivant et précis, dont la première partie est livrée cette semaine, nous donne un aperçu d’une façon de faire face à l’embarras de l’école. Il développe avec finesse de quelles façons la psychanalyse lacanienne permet de desserrer les effets des discours figés, tel celui de la science. Ainsi nous verrons qu’une libre invitation à parler permet à l’enfant d’articuler questions et élaborations des plus surprenantes sur le sexe…

Autres travaux du CIEN dont Marie-Cécile Marty rend compte pour nous : Que peut-il se dire du réel d’une intrusion sur le corps du jeune enfant ? De la littérature à la législation, la question se pose, du silence de Lolita à la prise de parole qui aboutit au tribunal.

C’est ainsi au tribunal que nous conduit Jean-Marie Fayol Noireterre, Magistrat honoraire, pour nous apporter un éclairage bien nécessaire. Nous découvrirons les évolutions surprenantes au sujet des agressions sexuelles sur mineurs, mais également la dure tache, – voire impossible ? – de défendre les mineurs, en préservant la liberté du sujet.

Enfin, c’est avec les parents que se clôt notre numéro, Sarah Camus Marquis nous présente la clinique dans le CPCT-parents, lorsque la rencontre avec un psychanalyste vise à la désintrication des jouissances.

Un numéro à la recherche du bien dire fondamental sur le sexe chez les jeunes sujets.