8e Journée d'Étude

Rêves et fantasmes chez l’enfant

samedi 22 mars 2025

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Actualités, CIEN

ça c’rêve l’écran

Journée des laboratoires du CIEN à Bordeaux

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Journée des labo­ra­toires du CIEN à Bordeaux  avec Philippe LACADEE,

psy­cha­na­lyste, membre de l’ECF.

 

 Samedi 30 novembre 2024

 

Argument écrit par Philippe Lacadée 

 

« Ça crève l’écran »[1]Lacan J., La Troisième, Paris, Navarin, 2021. est une phrase de Lacan dont la sono­ri­té fait entendre l’équivoque pos­sible avec la matière, voire la moté­ria­li­té sur laquelle opère l’acte ana­ly­tique. Le titre de la Journée des labo­ra­toires du CIEN à Bordeaux 2024, Ça c’rêve l’écran, noue en une seule expres­sion le titre de la 8e Journée d’Étude Rêves et fan­tasmes chez l’enfant de l’Institut de l’Enfant qui aura lieu le same­di 22 mars 2025 et s’y noue.

 

Lacan, en sui­vant Freud, a tou­jours fait valoir la fonc­tion d’écran du fan­tasme, qui pro­tège du réel et, en même temps, le sou­tient comme fic­tion, dans le sens où il fixe un cer­tain réel. Deux Conversations aux Douves avec des ado­les­cents sur les ques­tions du har­cè­le­ment et l’usage du por­table, pari de se dépla­cer dans les dis­cours de la domi­na­tion numé­rique qui assu­jet­tissent cer­tains, et de trou­ver une place et la juste mesure aux objets-gadgets que notre moder­ni­té iro­nique leur pro­pose, ont pro­duit un savoir. Trop d’écran tue le rêve, la voie royale de l’inconscient, quand son bon usage, comme pro­jec­tion ima­gi­naire, néces­site le temps d’une média­tion ou d’un manque. L’écran du por­table ou de la télé impose des images immé­diates court-circuitant cette fonc­tion de média­tion de l’imaginaire propre à cha­cun, voie royale vers le rêve singulier. 

 

C’est tout le génie du des­sin d’Alice, le sujet a beau arro­ser la fleur de l’écran, il a l’air déses­pé­ré devant le résul­tat de son inep­tie, sa fleur reste coin­cée dans la tombe de l’écran d’autant qu’autour de lui, c’est le désert. Préoccupé par arro­ser, avec son petit arro­soir, il s’isole comme S1 tout seul avec son objet gad­get comme objet a plus-de-jouir. L’écran de son objet a ne lui donne pas accès au cadre de son rêve et de son fan­tasme, il se crève lui-même dans l’écran court-circuitant son fan­tasme. C’est d’ailleurs l’éclair de ce court-circuit qui sur­git au-dessus de la télé.

 

Lacan nous a invi­té à nous for­mer à la logique du fan­tasme et ce, bien au-delà de la cure d’un enfant, dans les lieux où nous accueillons et accom­pa­gnons les enfants, au titre de les édu­quer ou de les soi­gner. La conver­sa­tion est l’outil du CIEN pour, avec nos par­te­naires, savoir-y-faire avec les dis­cours contem­po­rains dans les­quels ils sont pris. Cela implique de s’assoir de façon inédite en leur com­pa­gnie et de consen­tir à la part indi­cible de leur être comme racines pro­dui­sant rêve ou fan­tasme, si néces­saire à la sub­ver­sion créa­trice d’un sujet qui n’y a plus sa place d’y être situé comme hors-programme éta­bli par des normes en impasse. Le pré­di­cat ne fait plus aucun cas de l’assiette sub­jec­tive d’où s’origine et se com­mande le menu de toute parole. Le trouble dit du com­por­te­ment ou l’agitation qui sur­git sur la scène, fami­liale, sco­laire ou autre, n’est le plus sou­vent que consé­quence d’une pan­to­mime offrant le côté déri­soire d’un fan­tasme qui passe à l’acte. Le fan­tasme insu s’en fait le met­teur en scène. 

 

Il est tou­jours pos­sible de parier que le sujet ne soit pas la marion­nette de l’Autre. Donner sa place à la parole des par­te­naires d’autres dis­ci­plines montre que, par leurs inven­tions, le lan­gage « per­met au sujet de se consi­dé­rer comme le machi­niste voire le met­teur en scène de toute la cap­ture ima­gi­naire dont il ne serait autre­ment que la marion­nette vivante. » 

 

Qui se charge d’éduquer un enfant se doit de prendre en compte qu’un enfant est « sujet à la jouis­sance » soit, sou­vent, à la répé­ti­tion de ce qui fait son symp­tôme en impasse ou son trau­ma­tisme. En sui­vant ce que nous enseigne un enfant, il s’agit d’y lire s’il a délo­ca­li­sé sa jouis­sance dans une fic­tion fan­tas­ma­tique, rêves, fan­tasmes et jeu répon­dant au réel qu’il ren­contre. Freud dit que s’il n’avait pas tenu compte des allégations/fantasmes de Hans, il se serait ren­du cou­pable envers lui et la science. Il s’agit d’une ques­tion éthique que de se lais­ser pro­me­ner par l’enfant pour, le sui­vant dans ses pro­duc­tions, se mettre à la table de ses mots afin de pou­voir le conduire à son propre bien-dire. Comme Claude Nougaro pou­vait dire qu’il était un mot­si­cien, nous ouvrons la par­ti­tion d’un mot-si-Cien.

 

En éla­bo­rant mille et une fic­tions, l’enfant traite l’énigme à laquelle le réel du trou, ou le réel du sexe et de la mort comme trou radi­cal, comme point de fixi­té, le confronte. C’est là où peut s’écrire la fic­tion comme fixion, soit ce qui se fixe dans l’énigme du x de la jouissance. 

Le pari de la conver­sa­tion inter-disciplinaire qui aura lieu lors de la Journée des labo­ra­toires du CIEN à Bordeaux, le 30 novembre 2024, est l’occasion d’élaborations per­met­tant de mieux sai­sir ce qui, à par­tir des dits de cha­cun des par­te­naires, pré­oc­cupe les enfants qu’il ren­contre. Prendre soin d’entendre ce qui sou­tient leur exis­tence, offre que, de la jouis­sance en trop qui peut les débor­der, se fixe dans la parole comme fic­tion enten­due, juste façon de dire à l’Autre ce à quoi il tient le plus, sans en vou­loir rien céder s’agissant de son désir.

 

Lieu :

La Halle des Douves

4 rue des douves

33000 Bordeaux

 

Frais de par­ti­ci­pa­tion :

15 euros/ tarif étu­diant 10 euros

 

Renseignements et ins­crip­tions :

leparidelaconversation@gmail.com

https://​my​.wee​zevent​.com/​c​a​-​c​r​e​v​e​-​l​e​c​ran

 

Notes

Notes
1 Lacan J., La Troisième, Paris, Navarin, 2021.

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