Si la formalisation de la fin de l’analyse « pour adultes » est sans cesse à remettre sur l’ouvrage, la question de la fin de l’analyse des enfants se pose autrement, ou ne se pose pas vraiment comme une fin. Ici, pour le jeune analysant, point d’horizon de traverser du fantasme ni de désir d’arriver à l’os de la cure.
On peut alors se demander quand un travail prend fin, n’est-ce pas trop tôt ? Il y a une modification, un apaisement des symptômes mais après ? Cela va-t-il être modifié durablement sans l’appui de l’analyste ?
C’est que l’on a affaire au début des choses, au commencement. Comme l’écrit Jaques Alain-Miller, chez les enfants nous intervenons parfois avant que la défense ne soit cristallisée. C’est une chance. L’enfant, de sa rencontre avec le langage, est face à un signifiant qui « l’ensevelit », qui « l’accable ». Sa rencontre avec l’analyste, à ce moment d’avant la latence, permet de faire appel à un second signifiant : « Si l’analyste parvient à être ce second signifiant, il accomplit des miracles avec l’enfant[1]Miller J.-A., Préface au livre d’Hélène Bonnaud, L’inconscient de l’enfant, Paris, Navarin, 2013, p.10. ». L’analyse des enfants est donc une ouverture pour la suite. Les seconds signifiants rencontrés dans la cure vont permettre un souffle nouveau, une nouvelle direction.
Sans trop de codes et de politesse, le jeune enfant bien souvent ne se soucie guère des convenances et du cadre et nous confronte sans détour à sa jouissance, à ses symptômes, à peine entré dans le cabinet. L’analyste se retrouve nez à nez avec ce qui de l’enfant est le plus brulant, dans l’agitation ou au contraire l’inhibition. Il est alors impliqué, concerné même, dans son désir à lui.
Il est donc bienvenu que ce réel de l’enfant qui s’ouvre dans cette rencontre précoce soit accueilli par un analyste ayant un regard assez éclairé sur le sien.
Il apparait alors que la visée de la fin de l’analyse des grands éclaire celle des petits.