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Edito- Exaspération, terreur, désespoir, quel rapport ?

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Un enfant, aper­ce­vant l’affiche de la JIE7 dans un bureau, lit le titre ain­si : « Parents déses­pé­rés – Enfants ter­ribles », et il s’interroge : « C’est quoi le rap­port entre les deux ? » Cette lec­ture est affine à ce qui se joue pour lui : des parents déses­pé­rés face aux bagarres répé­tées de leurs enfants – l’aînée ayant même lais­sé sa marque sur le cadet en le mor­dant au sor­tir de la mater­ni­té. Cet enfant semble incons­ciem­ment accu­ser récep­tion du rap­port étroit qu’il y a, pour lui, entre déses­poir paren­tal et ter­rible infan­tile, tout en ouvrant à la pos­si­bi­li­té d’une dia­lec­tique. Ne pas refer­mer la ques­tion lui a per­mis de consti­tuer un savoir là-dessus et, cor­ré­la­ti­ve­ment, de se délo­ger de la place d’enfant ter­rible par­mi les enfants ter­ribles de la fra­trie, tout en for­ma­li­sant l’Autre bagar­reur auquel il a affaire. Comme il le dit, il est « tra­cas­sé » de la place qu’il peut avoir. Accueillir le déses­poir des parents, leur épui­se­ment face au tumulte fami­lial a ouvert la voie à une sin­gu­la­ri­sa­tion des places.

Parmi les formes contem­po­raines de symp­tôme chez l’enfant, le pas­sage à l’acte tient une grande place. Lacan en parle ain­si : « Aux limites du dis­cours, en tant qu’il s’efforce de faire tenir le même sem­blant, il y a de temps en temps du réel. C’est ce qu’on appelle le pas­sage à l’acte[1]». C’est bien parce que cela se situe aux « limites du dis­cours » que le parent peut se trou­ver débous­so­lé, par exemple, face à la ten­ta­tive de sui­cide de son enfant, à ses sca­ri­fi­ca­tions ou, aux bagarres entre frères et/ou sœurs – pen­sons à Caïn et Abel ! L’absence de mots ou paroles pos­sibles de l’enfant, laisse cer­tains parents désem­pa­résper­dusper­tur­bés. Cet évé­ne­ment sus­cite une recherche du parent pour trou­ver le rap­port entre lui et l’enfant, avec par­fois son lot de culpa­bi­li­té. Cette quête, et ce qu’elle emporte, laisse rare­ment l’enfant indif­fé­rent. Le point auquel cela touche est posé en ces termes par Lacan : « Est-il oui ou non fon­dé ce rap­port de l’enfant aux parents ?[2]» De cette ques­tion, les signi­fiants exas­pé­réter­ribledéses­pé­ré attestent du réel en jeu. La façon sin­gu­lière dont une telle ques­tion peut se for­mu­ler dans une cli­nique sous trans­fert[3] s’avère être déjà un début de réponse.

 

[1] Lacan J., Le Séminaire, livre XVIII, D’un dis­cours qui ne serait pas du sem­blant, texte éta­bli par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 2007, p. 32–33.

[2] Lacan J., Le Séminaire, livre XXIV, « L’insu que sait de l’une-bévue s’aile à mourre », leçon du 14 décembre 1976, Ornicar ?, n°12/13, décembre 1977, p. 14.

[3] Cf. Miller J.-A., « C.S.T. – Clinique-Sous-Transfert », Ornicar ?, n°29, été 1984, p. 142–147.

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