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Abord scientifique ?

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Les études scien­ti­fiques offrent une matière essen­tielle pour sai­sir ce nou­veau syn­tagme : « enfants trans ». D’abord parce que l’argument scien­ti­fique est fré­quem­ment avan­cé comme preuve du phé­no­mène qua­li­fié de « tran­si­den­ti­té » et des bien­faits des tran­si­tions de genre et de sexe. Ensuite, parce que ces études, si elles sont encore de trop faible ampleur pour une vali­di­té scien­ti­fique clas­sique, se mul­ti­plient ces der­nières années. Et ce, alors que les demandes adres­sées à des centres spé­cia­li­sés sur les ques­tions d’« iden­ti­té de genre » connaissent un très fort accrois­se­ment. L’augmentation du nombre des études cor­res­pond à une accé­lé­ra­tion des déci­sions prises concer­nant la réponse à don­ner à ces enfants : l’objectivation du diag­nos­tic, impli­quant sou­vent, comme nous allons le voir, une médi­ca­li­sa­tion à vie. 

Dépathologisation et médicalisation

Un para­doxe appa­raît d’emblée : l’exigence de la dépa­tho­lo­gi­sa­tion de la dys­pho­rie de genre (l’idée d’être né dans un corps sexué qui ne cor­res­pond pas à son genre) va de pair avec un dis­cours omni­pré­sent des asso­cia­tions de trans­genres en faveur de la médi­ca­li­sa­tion des enfants trans. Le der­nier DSM[1]Manuel diag­nos­tique et statis­tique des troubles mentaux, 5e éd., février 2015 consen­tait déjà à cette dépa­tho­lo­gi­sa­tion, l’appellation Trouble de l’identité de genre deve­nant Dysphorie de genre (DG) en 2015. Ainsi le Manuel diag­nos­tique et sta­tis­tique des troubles men­taux (DSM 5) main­tient une caté­go­rie tout en la clas­sant hors trouble men­tal. Figurer au DSM per­met de réper­to­rier la souf­france entrai­née par la DG et d’introduire alors la ques­tion des trai­te­ments de réfé­rence, en l’occurrence, le trai­te­ment recom­man­dé par les asso­cia­tions de trans­genres et trans­sexuels : le trai­te­ment par « affir­ma­tion de genre », soit la pres­crip­tion médi­cale pré­coce, c’est-à-dire dès l’enfance, et rem­bour­sée par l’État. Il s’agit tout d’abord d’une pres­crip­tion d’hormones blo­quant la puber­té, puis d’hormones sexuelles contraires, et enfin de chi­rur­gie. Si les opé­ra­tions des organes géni­taux sont inter­dites en France sur les mineurs, en revanche l’ablation des seins peut se pra­ti­quer sur des jeunes filles dès 16 ans, avec l’accord des parents.

L’argument scientifique

Bien que les équipes spé­cia­li­sées mettent en avant leur pru­dence et leur réflexion col­lé­giale, avant toute pres­crip­tion de trai­te­ment hor­mo­nal (TH), dans les faits, la psy­cho­thé­ra­pie n’est plus obli­ga­toire, l’idée d’une « auto­dé­ter­mi­na­tion » des enfants quant à leur genre pré­vaut et la pres­crip­tion hor­mo­nale com­mence chez des enfants de plus en plus jeunes. « La prise en charge sur le plan endo­cri­no­lo­gique fait donc par­tie inté­grante du par­cours de soins des enfants/adolescents ayant une dys­pho­rie de genre »[2]https://www.cairn.info/revue-enfances-et-psy-2016–1‑page-58.htm, confirme Laetita Martineria, pédiatre en endo­cri­no­lo­gie à l’hôpital Robert Debré. Le TH est au cœur des pro­to­coles adop­tés. Le docu­men­taire Petite fille[3]Lifshitz S, Petite fille, Arte pro­duc­tion, 2020 dif­fuse com­ment il peut être faci­le­ment et pré­co­ce­ment pro­po­sé : dès le deuxième entre­tien avec le pédo­psy­chiatre, le TH est envi­sa­gé pro­chai­ne­ment pour cet enfant de 8 ans – « s’il le désire » lui dit-on, pré­cé­dant l’expression de toute demande de sa part.

Dans le cas de la DG, il n’y a pour­tant pas eu le consen­sus habi­tuel­le­ment néces­saire pour vali­der un trai­te­ment stan­dard à par­tir d’études lon­gi­tu­di­nales et croi­sées[4]Laurent É., « L’enfant trans et ses impos­sibles », La sexua­tion des enfants, Paris, Navarin, 2021, p. 166.. Jusqu’alors pour qu’un trai­te­ment figure au DSM, il devait cor­res­pondre à la démarche de l’Evidence Based Medecine (méde­cine fon­dée sur les preuves), ce qui implique des études cli­niques sys­té­ma­tiques sur des cohortes larges, telles que des essais contrô­lés ran­do­mi­sés en double aveugle, et autres études de contrôle. En la matière, les études n’apportent qu’un niveau de preuves très faible. Les dérives du DSM ne sont pas nou­velles et plu­sieurs anciens contri­bu­teurs les ont dénon­cées à l’occasion de sa cin­quième édi­tion. Dans le cas des trai­te­ments hor­mo­naux pour les enfants : oubliée, l’EBM ! La souf­france des enfants n’attend pas : c’est là le res­sort de cer­tains dis­cours en faveur des tran­si­tions médi­ca­li­sées. Ces dis­cours peuvent agir comme levier sur l’opinion aus­si, les lob­bies exer­çant une influence par­ti­cu­liè­re­ment puis­sante aux États-Unis. Certains zéla­teurs pré­tendent donc appuyer leur légi­ti­mi­té sur des argu­ments d’autorité scien­ti­fique, qu’ils ont contri­bué à créer –par un effet de lob­bying. La chose scien­ti­fique se retrouve uti­li­sée à des fins idéo­lo­giques ou éco­no­miques. 

En effet, la médi­ca­li­sa­tion des­dits enfants trans repré­sente aus­si un enjeu éco­no­mique. Il convient d’être vigi­lant sur l’origine des finan­ce­ments des études et les conflits d’intérêts qu’il pour­rait y avoir entre les asso­cia­tions qui les com­mandent, les groupes qui les payent et les entre­prises phar­ma­ceu­tiques qui fabriquent les traitements.

Un récent retour­ne­ment opère avec l’idée d’« auto­dé­ter­mi­na­tion » de l’identité de genre. Désormais, nul besoin de méde­cin pour poser le diag­nos­tic d’enfant trans­genre[5]Cf. Alessandrin A., inter­view sur Studio Lacan https://​www​.you​tube​.com/​w​a​t​c​h​?​v​=​d​g​7​e​Z​H​g​4​k​q​8​&​t​=​2​0​66s , nous dit-on. Si bien que tout méde­cin, allé­gé d’avoir à vali­der le diag­nos­tic avan­cé par l’enfant, devrait, sans plus d’étude ou de ques­tion, lui pres­crire un trai­te­ment hor­mo­nal : l’enfant en por­te­rait seul la res­pon­sa­bi­li­té. 

Protocoles et lacunes

Ces études nous enseignent éga­le­ment mal­gré elles. En obser­vant ce qui est cher­ché bien sûr, mais aus­si ce qui ne l’est pas, ce qui est volon­tai­re­ment lais­sé de côté.  Comme l’absence de grandes études ayant pour objet pre­mier les détran­si­tions. Nombre des tra­vaux ayant à cœur de démon­trer l’existence incon­tes­table de la DG, il est donc dif­fi­cile de trou­ver des études ayant pour objet l’échec du trai­te­ment et les détran­si­tions. 

En effet, en matière de recherche comme ailleurs il est évident qu’on ne trouve que ce que l’on cherche. Comme le rele­vait Philippe La Sagna lors de Question d’École[6]Cf. Intervention lors de Question d’École, jan­vier 2021., le fait d’orienter une recherche sur un objet sup­po­sé le fait exis­ter. L’objet d’étude prend vie du fait de l’étude consa­crée.  Ainsi naissent de nou­velles réa­li­tés. 

Les pro­to­coles médi­caux mis en place pour accueillir les enfants qui se disent trans, agissent dans cette même logique de l’univocité. Celle de la non-recherche de preuve contraire. C’est la fin de l’examen cli­nique du patient, soit le moment ou le méde­cin ques­tionne le patient, sa famille, mène une inves­ti­ga­tion en vue d’affiner son diag­nos­tic. En effet, tout est mis en œuvre, c’est même une reven­di­ca­tion, pour que la parole de l’enfant ne soit pas inter­ro­gée. Sa décla­ra­tion se suf­fit à elle-même, toute ques­tion à ce sujet est vite soup­çon­née de trans­pho­bie. Cette reven­di­ca­tion a failli pas­ser tout de go dans la loi sur l’interdiction des thé­ra­pies de conver­sion[7]LOI n° 2022–92 du 31 jan­vier 2022 inter­di­sant les pra­tiques visant à modi­fier l’o­rien­ta­tion sexuelle ou l’i­den­ti­té de genre d’une per­sonne , avant que deux amen­de­ments ne soient votés pour invi­ter à la pru­dence et à la réflexion en ce qui concerne les mineurs[8]« L’infraction pré­vue au pre­mier ali­néa n’est pas consti­tuée lorsque les pro­pos répé­tés invitent seule­ment à la pru­dence et à la réflexion, eu égard notam­ment à son jeune âge, la … Continue rea­ding.

  Bien que les méde­cins dans les centres d’accueil s’en défendent, la consul­ta­tion vise donc à vali­der un diag­nos­tic déjà posé par le patient lui-même. Le délai pour enga­ger le trai­te­ment ayant même était réduit dras­ti­que­ment de deux ans à 6 mois[9]Cf. DSM 5, dans l’idée que la pré­co­ci­té de prise des hor­mones dès le plus jeune âge est néces­saire.  

Il se dégage de ces pro­to­coles l’impression d’une consul­ta­tion fac­tice, d’un simu­lacre de méde­cine, où tout est joué d’avance et où le méde­cin n’est plus là que pour pres­crire un trai­te­ment qu’il ne choi­si­ra pas puisque le pro­to­cole se pour­suit par la mise en place du seul trai­te­ment de réfé­rence. 

Là encore la pru­dence d’usage en matière de pres­crip­tion infan­tile est aban­don­née. Tout ce qui consti­tue la rigueur scien­ti­fique est igno­rée pour ces jeunes. Des trai­te­ments sans AMM (auto­ri­sa­tion de mise sur le mar­ché) sont pres­crits[10]https://www.observatoirepetite​si​rene​.org/​_​f​i​l​e​s​/ugd/49b30a_b7027bdd0464478493dccdfeb47b9d65.pdf  p.3 et p.12. .

Malgré les risques avé­rés d’une médi­ca­li­sa­tion à vie, même si nous avons peu de recul encore en ce qui concerne les enfants, mal­gré les effets secon­daires des hor­mones admi­nis­trées et l’irréversibilité de cer­tains chan­ge­ments[11]CareL J‑C Les indi­ca­tions des trai­te­ments frei­na­teurs de la puber­té en pédia­trie, aca­dé­mie natio­nale de méde­cine, ou encore, S. Gosh et A. Gorgos, « L’accompagnement pédia­trique et les … Continue rea­ding, des pro­mo­teurs de la tran­si­tion médi­ca­li­sée affirment publi­que­ment le contraire[12]Alessandrin A., Studio Lacan https://​www​.you​tube​.com/​w​a​t​c​h​?​v​=​d​g​7​e​Z​H​g​4​k​q​8​&​t​=​2​0​66s : que tous ces trai­te­ments admi­nis­trés en France sont inof­fen­sifs et que l’on peut reve­nir en arrière. Ces argu­ments de pro­mo­tion des trai­te­ments sont actuel­le­ment relayés comme s’ils étaient des résul­tats vali­dés, dans beau­coup de médias[13]https://​www​.public​se​nat​.fr/​a​r​t​i​c​l​e​/​p​a​r​l​e​m​e​n​t​a​i​r​e​/​l​e​-​s​e​n​a​t​-​a​d​o​p​t​e​-​l​a​-​l​o​i​-​i​n​t​e​r​d​i​s​a​n​t​-​l​e​s​-​t​h​e​r​a​p​i​e​s​-​d​e​-​c​o​n​v​e​r​s​i​o​n​-​1​9​1​521.

Le bonheur sur ordonnance

La pro­messe est ain­si faite aux enfants et aux jeunes qui s’interrogent sur leur être sexué, que leur souf­france dis­pa­rai­tra grâce à la tran­si­tion et aux inter­ven­tions médi­cales. La cause étant sans conteste attri­buée au « res­sen­ti » d’être dans « le mau­vais corps ». 

La dé-psychiatrisation de cet ex-trouble conduit à dire que cette souf­france n’a pas lieu d’être et que l’acceptation de la tran­si­den­ti­té avec appli­ca­tion d’un pro­to­cole de tran­si­tion, tout sim­ple­ment les ren­dra heu­reux, comme l’affirme le socio­logue Arnaud Alessandrin[14]Studio Lacan, op.cit.. Cette pro­messe de bon­heur parait bien ris­quée éga­le­ment tant les troubles asso­ciés chez ces jeunes sont nom­breux. Mais l’observation sys­té­ma­tique de comor­bi­di­tés est inter­pré­tée comme la cause du rejet de la socié­té dont sont vic­times les trans. Ils souffrent de l’Autre, comme le relève Éric Laurent[15]Laurent É. « L’enfant trans… » op.cit.. 

L’un des argu­ments majeurs en faveur de la médi­ca­li­sa­tion pré­coce, repose sur une sup­po­sée dimi­nu­tion du risque sui­ci­daire chez ces jeunes grâce au TH. C’est ce que concluent cer­taines études, comme celle de Turban[16]Turban JL, King D, Carswell JM, et al. Pubertal Suppression for Transgender Youth and Risk of Suicidal Ideation. Pediatrics. 2020;145(2): e20191725, sou­vent citées par les par­ti­sans des tran­si­tions rapides et les centres spé­cia­li­sés. Cependant des relec­tures plus rigou­reuses de ces études[17]https://​segm​.org/​a​j​p​_​c​o​r​r​e​c​t​i​o​n​_​2​020 démentent ces conclu­sions. Une étude récem­ment publiée du GIDS bri­tan­nique[18]Carmichael P., Butler G., et al short term of puber­tal sup­pres­sion in a selec­ted cohort of 12- to 15-year-old young people with per­sistent gen­der dys­pho­ria in the UK Plos one fevr 2021, centre de prise en charge des mineurs trans, conclut même que, contrai­re­ment à ce qui est défen­du, il n’y a pas de dimi­nu­tion du risque sui­ci­daire chez les jeunes ayant reçu un trai­te­ment. Leurs dif­fi­cul­tés ne s’en trouvent pas non plus allé­gées. De plus la réver­si­bi­li­té, la pos­si­bi­li­té de marche arrière semble bien plus théo­rique qu’effective[19]Laurent É. cf. « L’enfant trans… » op.cit., p. 175.. Le bon­heur sur ordon­nance est compromis.

Ce qui échappe 

Il est sur­pre­nant de consta­ter qu’il n’y a pas de prise en compte dans les consul­ta­tions dédiées aux tran­si­tions du fait que 60 à 90% des jeunes trans ne res­sen­ti­ront plus de « trouble du genre » à l’adolescence[20]http://​www​.sexo​lo​gy​to​day​.org/​2​0​1​6​/​0​1​/​d​o​-​t​r​a​n​s​-​k​i​d​s​-​s​t​a​y​-​t​r​a​n​s​-​w​h​e​n​-​t​h​e​y​-​g​r​o​w​_​9​9​.​h​tml. Puisque le temps apporte un apai­se­ment face à ces ques­tions, pour­quoi rac­cour­cir à deux mois la durée des symp­tômes avant l’engagement du pro­to­cole et pour­quoi avan­cer autant l’âge de pres­crip­tion d’hormones ?

Nombre de ces enfants en gran­dis­sant se sentent atti­rer par les per­sonnes du même sexe sans plus se dire trans[21]Ibid.. Voilà un élé­ment essen­tiel à prendre en compte et qui remet en cause l’hypothèse de l’erreur de nature. Ce qui poussent de nom­breuses asso­cia­tions de psy­chiatres ou même de mou­ve­ments LGBT à tra­vers le monde à dénon­cer ce qui s’apparente à une inci­ta­tion à des thé­ra­pies de conver­sion dans le but de faire cor­res­pondre le sexe bio­lo­gique à une hété­ro­sexua­li­té. Ils dénoncent alors une pres­sion hété­ro­nor­ma­tive, voire homo­phobe, pous­sant à la muti­la­tion des corps. 

Sous des aspects qui se veulent objec­tifs et scien­ti­fiques, igno­rant les cri­tiques, un cer­tain dis­cours trans mili­tant sou­haite mon­trer une réa­li­té incon­tes­table. Pour ce faire il rejette tout argu­ment, psy­cho­lo­gique ou médi­cal, n’allant pas dans son sens. 

Pourtant, une étude rigou­reuse quant à sa construc­tion, met en avant que le chan­ge­ment de genre n’a pas eu d’effet sur les symp­tômes : « Au plan psy­cho­lo­gique et social, il n’y a ni chan­ge­ment dans la qua­li­té de vie, ni modi­fi­ca­tion des fonc­tions psy­cho­lo­giques, ni du degré de dys­pho­rie, ni modi­fi­ca­tion de l’image. Il n’y a pas de modi­fi­ca­tion des com­por­te­ments d’auto-agression (self-harm) et les idéa­tions auto-agressives per­sistent. 30% à 40% des jeunes expriment une vita­li­té réduite ».[22]Carmichael P., Butler G., et al short term of puber­tal sup­pres­sion in a selec­ted cohort of 12- to 15-year-old young people with per­sistent gen­der dys­pho­ria in the UK, op.cit. 

Il y a dans cette idéo­lo­gie l’utopie d’un bon­heur. Comme le dit Jacques-Alain Miller dans son entre­tien avec Éric Marty au sujet des gen­der stu­dies qui « tout en fai­sant fi de la dif­fé­rence des sexes, ne se résignent pas pour autant à l’inexistence du rap­port sexuel… elles élu­cubrent des trucs qui débouchent tou­jours sur une quel­conque uto­pie du rap­port sexuel »[23]Marty É. & Miller J.A-., « Entretien sur Le sexe des modernes », Lacan Quotidien, n°927, 29 mars 2021, dis­po­nible en ligne (www ; lacan​quo​ti​dien​.fr)

Pourtant les affres de la sexua­tion chez les enfants, puis de la décou­verte de la cas­tra­tion sont inévi­tables. Ce n’est pas, comme l’explique Daniel Roy, « Une assi­gna­tion ou un com­man­de­ment de l’Autre. Cela prend la forme sub­jec­tive d’une prise de posi­tion. » Rien ne sau­rait épar­gner à l’enfant ce par­cours qu’il ne peut faire que seul, avec l’appui de quelques autres[24]Roy D. « L’enfant dans le dis­cours sexuel », La sexua­tion des enfants, Navarin, Paris, 2021, p.24. Il est insen­sé d’oser pro­mettre le contraire. Comme le dit Jean-Claude Maleval au sujet des enfants cibles du dis­cours trans : « Il est impru­dent de prendre leur parole pour une véri­té alors que c’est un conte de fées »[25]Male­val J.-C. Lacan Quotidien, https://​lacan​quo​ti​dien​.fr/​b​l​o​g​/​2​0​2​1​/​0​4​/​l​a​c​a​n​-​q​u​o​t​i​d​i​e​n​-​n​-​9​28/.

A l’envers d’un conte de fées, se faire docile au trans, selon ce que Jacques-Alain Miller[26]Miller J.-A., Lacan Quotidien, https://​lacan​quo​ti​dien​.fr/​b​l​o​g​/​2​0​2​1​/​0​4​/​l​a​c​a​n​-​q​u​o​t​i​d​i​e​n​-​n​-​9​28/ a éla­bo­ré, c’est entendre sans pré­ju­gés scien­ti­fiques, poli­tiques, etc., entendre ces enfants et ado­les­cents qui viennent nous par­ler. C’est dif­fé­rent d’en faire les fers de lance d’un dis­cours mili­tant, et de le faire au nom du res­pect de leur intime convic­tion. 

L’injonction faite de ne sur­tout pas leur par­ler, ne sur­tout pas les ques­tion­ner, est une injonc­tion à igno­rer l’inconscient, et aus­si à igno­rer ce qui huma­nise les sujets. 

Il y a pour­tant les symp­tômes bien pré­sents chez ces enfants, témoins du réel de leur condi­tion d’être sexué qui, à l’utopie de jouis­sance har­mo­nieuse, oppose l’inéluctable dys­har­mo­nie du par­lêtre à son corps et à la jouis­sance. 

Notes

Notes
1 Manuel diag­nos­tique et statis­tique des troubles mentaux, 5e éd., février 2015
2 https://www.cairn.info/revue-enfances-et-psy-2016–1‑page-58.htm
3 Lifshitz S, Petite fille, Arte pro­duc­tion, 2020
4 Laurent É., « L’enfant trans et ses impos­sibles », La sexua­tion des enfants, Paris, Navarin, 2021, p. 166.
5 Cf. Alessandrin A., inter­view sur Studio Lacan https://​www​.you​tube​.com/​w​a​t​c​h​?​v​=​d​g​7​e​Z​H​g​4​k​q​8​&​t​=​2​0​66s 
6 Cf. Intervention lors de Question d’École, jan­vier 2021.
7 LOI n° 2022–92 du 31 jan­vier 2022 inter­di­sant les pra­tiques visant à modi­fier l’o­rien­ta­tion sexuelle ou l’i­den­ti­té de genre d’une personne 
8 « L’infraction pré­vue au pre­mier ali­néa n’est pas consti­tuée lorsque les pro­pos répé­tés invitent seule­ment à la pru­dence et à la réflexion, eu égard notam­ment à son jeune âge, la per­sonne qui s’in­ter­roge sur son iden­ti­té de genre et qui envi­sage un par­cours médi­cal ten­dant au chan­ge­ment de sexe., amen­de­ment de l’art.2 et de l’art.3., ces deux amen­de­ments ont été rajou­tés in extre­mis grâce à la vigi­lance des psy­cha­na­lystes de l’Ecole de la Cause freudienne.
9 Cf. DSM 5
10 https://www.observatoirepetite​si​rene​.org/​_​f​i​l​e​s​/ugd/49b30a_b7027bdd0464478493dccdfeb47b9d65.pdf  p.3 et p.12. 
11 CareL J‑C Les indi­ca­tions des trai­te­ments frei­na­teurs de la puber­té en pédia­trie, aca­dé­mie natio­nale de méde­cine, ou encore, S. Gosh et A. Gorgos, « L’accom­pa­gne­ment pédia­trique et les trai­te­ments hor­mo­naux », Pullen Sans Façon A., Médico D., in Jeunes Trans et non binaires, de l’accompagnement à l’affirmation, Les édi­tions du remue-ménage, 2021. Chap.17.
12 Alessandrin A., Studio Lacan https://​www​.you​tube​.com/​w​a​t​c​h​?​v​=​d​g​7​e​Z​H​g​4​k​q​8​&​t​=​2​0​66s
13 https://​www​.public​se​nat​.fr/​a​r​t​i​c​l​e​/​p​a​r​l​e​m​e​n​t​a​i​r​e​/​l​e​-​s​e​n​a​t​-​a​d​o​p​t​e​-​l​a​-​l​o​i​-​i​n​t​e​r​d​i​s​a​n​t​-​l​e​s​-​t​h​e​r​a​p​i​e​s​-​d​e​-​c​o​n​v​e​r​s​i​o​n​-​1​9​1​521
14 Studio Lacan, op.cit.
15 Laurent É. « L’enfant trans… » op.cit.
16 Turban JL, King D, Carswell JM, et al. Pubertal Suppression for Transgender Youth and Risk of Suicidal Ideation. Pediatrics. 2020;145(2): e20191725
17 https://​segm​.org/​a​j​p​_​c​o​r​r​e​c​t​i​o​n​_​2​020
18 Carmichael P., Butler G., et al short term of puber­tal sup­pres­sion in a selec­ted cohort of 12- to 15-year-old young people with per­sistent gen­der dys­pho­ria in the UK Plos one fevr 2021
19 Laurent É. cf. « L’enfant trans… » op.cit., p. 175.
20 http://​www​.sexo​lo​gy​to​day​.org/​2​0​1​6​/​0​1​/​d​o​-​t​r​a​n​s​-​k​i​d​s​-​s​t​a​y​-​t​r​a​n​s​-​w​h​e​n​-​t​h​e​y​-​g​r​o​w​_​9​9​.​h​tml
21 Ibid.
22 Carmichael P., Butler G., et al short term of puber­tal sup­pres­sion in a selec­ted cohort of 12- to 15-year-old young people with per­sistent gen­der dys­pho­ria in the UK, op.cit. 
23 Marty É. & Miller J.A-., « Entretien sur Le sexe des modernes », Lacan Quotidien, n°927, 29 mars 2021, dis­po­nible en ligne (www ; lacan​quo​ti​dien​.fr
24 Roy D. « L’enfant dans le dis­cours sexuel », La sexua­tion des enfants, Navarin, Paris, 2021, p.24
25 Male­val J.-C. Lacan Quotidien, https://​lacan​quo​ti​dien​.fr/​b​l​o​g​/​2​0​2​1​/​0​4​/​l​a​c​a​n​-​q​u​o​t​i​d​i​e​n​-​n​-​9​28/
26 Miller J.-A., Lacan Quotidien, https://​lacan​quo​ti​dien​.fr/​b​l​o​g​/​2​0​2​1​/​0​4​/​l​a​c​a​n​-​q​u​o​t​i​d​i​e​n​-​n​-​9​28/

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