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Au secours !

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Nous tra­ver­sons une ère déci­dé­ment bien étrange ! Alors que, d’un côté, une ouver­ture infi­nie sur le monde via inter­net et les réseaux sociaux nous pro­met une liber­té sans fron­tières, force est de consta­ter qu’avec les nou­veaux pro­to­coles de soins en san­té men­tale dans les­quels le patient en souf­france psy­chique est som­mé de s’insérer, cette liber­té devient bien étri­quée ! La psy­cha­na­lyse parie sur le sujet et sur sa capa­ci­té d’invention.

Gaspard, huit ans, n’a pas atten­du de ren­con­trer un pro­fes­sion­nel pour mettre cer­taines choses au tra­vail, même si le ratage est la cause de sa demande d’aide. Gaspard est « addict » aux vidéos vio­lentes. Après avoir été, pen­dant sa petite enfance, sous l’œil et la camé­ra de spé­cia­listes contrô­lant l’évolution d’une mala­die mor­telle, il a désor­mais le monde à l’œil via l’écran de sa tablette. Il est hap­pé par des scènes d’attentats qui l’amènent à cli­quer sur « tout voir » pour télé­char­ger non pas plus de détails sur l’événement lui-même mais « pour ana­ly­ser l’intervention des secours », précise-t-il, tout en témoi­gnant de ce que ces scènes lui reviennent sous forme de cau­che­mars récurrents.

Loin de l’idée de lui inter­dire ces vidéos, voie que les parents avaient inves­ti­guée, l’analyste s’est inté­res­sée à ce que Gaspard venait cher­cher. Grâce à sa pas­sion pour les legos et sur­tout ceux qui « portent secours », il a, dans un pre­mier temps mis en scène dans le cabi­net de l’analyste, sa ver­sion du réel trau­ma­tique épié sur YouTube. Puisqu’il mani­fes­tait un inté­rêt par­ti­cu­lier pour les ser­vices de secours, le tra­vail a peu à peu pris la tour­nure d’un lis­tage et d’un dépliage des ser­vices de secours selon leurs spé­cia­li­tés, leurs uni­formes, leurs ini­tiales et le contexte dans lequel ils inter­viennent. Par ce pas­sage du « ça voir » au « savoir », il s’agissait de trai­ter cette omni­pré­sence du tout voir en le décon­nec­tant de l’écran. Muni de ce nou­veau bagage, Gaspard a com­men­cé à mettre en scène des per­son­nages ima­gi­nés à par­tir de ce bout de savoir et à fil­mer des séquences de sau­ve­tage qu’il visua­li­sait ensuite, dans un pre­mier temps, pour rejouer par la fic­tion son appel à la res­cousse d’enfant gra­ve­ment malade, et dans un second temps, iso­ler dans le trans­fert le point d’où il est regar­dé être sauvé.

À par­tir de là, Gaspard a déve­lop­pé une pas­sion pour les vidéos, art auquel il s’adonne d’ailleurs avec beau­coup de talent. Un glis­se­ment s’est opé­ré des scé­nettes dans les­quelles il était inclus, repré­sen­té par un per­son­nage, vers l’élaboration de films dans les­quels il n’apparaît plus. Il est pas­sé de l’autre côté de la camé­ra comme réa­li­sa­teur et scé­na­riste de films qu’il cus­to­mise et qu’il poste sur YouTube pour qu’ils soient regar­dés par d’autres.

C’est parce que l’analyste a fait de l’objet de Gaspard le centre des séances que quelque chose d’inédit a pu sur­gir et les symp­tômes dis­pa­raitre. Bien loin d’une rec­ti­fi­ca­tion psy­choé­du­ca­tive, c’est en s’intéressant à la posi­tion de cet enfant dans le mon­tage de son symp­tôme qu’une modi­fi­ca­tion a pu s’opérer.

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