Un réel en jeu
« Le piquant de tout cela, c’est que ce soit le réel dont dépende l’analyste dans les années qui viennent et pas le contraire. Ce n’est pas du tout de l’analyste que dépend l’avènement du réel. L’analyste, lui, a pour mission de le contrer. Malgré tout, le réel pourrait bien prendre le mors aux dents, surtout depuis qu’il a l’appui du discours scientifique »1
En effet, c’est aujourd’hui en se prévalant du discours scientifique que nos modernes experts identifient, sous le nom de « troubles », les symptômes de l’enfant et de l’adolescent : Haut Potentiel, Dyslexie et autres dys…, Hyperactivité, Trouble attentionnel ou oppositionnel, Trouble du neuro-développement, Trouble de l’identité de genre, etc… Ces syntagmes morts, à la fois figés et en risque de disparition soudaine, veulent régner en maîtres sur l’enfant et fixer parents et professionnels à leur service. Depuis cette place, ils prétendent à éduquer et rééduquer, à soigner et diriger l’enfant, selon les bonnes pratiques fondées sur des preuves, forcément scientifiques, logées dans les gènes, dans les neurotransmetteurs, dans l’auto-perception… Ceux qui en usent ne se soucient pas de mettre en circulation ces mots désincarnés, exsangues, vidés de tout désir, mais porteurs de ce fait d’une jouissance obscure, qui interdit toute profondeur subjective au langage, qui contraint les corps dans des identités sans dialectique et qui exclut la part d’énigme dans les liens de causalité.
Pour les psychanalystes, « contrer le réel », c’est ici saisir la balle au bond pour rendre aux mots de l’enfant leur valeur de signifiants, pour rendre enfin au réel son statut d’événement pour le sujet, avec le prix d’angoisse qui s’en dépose.
1 – Lacan J., La Troisième ; Miller J.-A., Théorie de lalangue, Paris, Navarin éditeur, 2021, p. 23.
Nous avons choisi quatre occurrences actuelles que nous souhaitons examiner et interroger :
L’enfant “trans”
Signifiant nouveau, issu de la rencontre entre autodétermination de l’identité de genre et revendication de justice, il se propose pour habiller le malaise des enfants du siècle face au réel de leur position sexuée.
Atelier animé par
Aurélie Charpentier-Libert et Eve Miller-Rose
L’enfant “neuro”
Le caractère apparemment incontestable que l’enfant est un « être en développement », semble autoriser toutes les expérimentations et toutes les hypothèses qui le transforme en terrain d’investigation pour tous les brain-programs.
Atelier animé par
Caroline Leduc et Jean-Robert Rabanel
L’enfant placé
Une bien longue histoire pour les enfants « séparés », « déplacés », dont le statut d’objets négociés souligne souvent cruellement le réel de leur condition.
Atelier animé par
Marie-Cécile Marty et Christelle Sandras
La famille “RSI”
Parents et enfants toujours au bord ou au-delà de « la crise ». Il n’est pas trop tard « pour prendre parti sur la valeur de la famille, de la famille existante, …, dans la civilisation – soit dans la société véhiculée par la science »,selon le dire de Lacan en 1967.
Atelier animé par
Valeria Sommer-Dupont et Yves Vanderveken
Pour participer
Des travaux sur ces thèmes peuvent être adressés à chaque Atelier, qui en prendra connaissance et en fera retour à l’auteur.
Texte rédigé sous Word, times new roman, 12, avec appel de note pour chaque référence.
Adressé à institut.enfant@gmail.com
Objet : le nom de l’Atelier choisi.