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Edito n°11 : Fictions de violence – Tome 1

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Fiction et vio­lence peuvent paraître anti­no­miques : d’un côté la vio­lence comme « satis­fac­tion de la pul­sion de mort »[1] ; de l’autre, la fic­tion comme « pro­duc­tion mar­quée au coin du sem­blant »[2]. Comment la fic­tion comme sem­blant permet-elle une subli­ma­tion de la pul­sion ? C’est ce que ce numé­ro spé­cial se pro­pose d’explorer.

Les fic­tions qui nous inté­ressent vont à l’encontre de la « puis­sance de déliai­son propre à la vio­lence »[3]. Là où la vio­lence « délie, frag­mente, […] épar­pille façon puzzle »[4], les fic­tions tissent, à tra­vers la repré­sen­ta­tion de figures ima­gi­naires, notamment.

Geneviève Cloutour-Monribot exa­mine, dans les albums de Tomi Ungerer et de Claude Ponti, la logique intrin­sèque du trai­te­ment de la cruau­té, pas sans un reste de vio­lence intrai­table par le semblant.

Dans son texte sur Mô-namour de Ponti, Adela Bande-Alcantud met en évi­dence la dimen­sion trau­ma­tique de la ren­contre avec la langue qui est éga­le­ment chance pour le sujet de s’extraire de la mal­trai­tance de l’autre. Dans le texte sur Le géant de Zeralda de Ungerer, Guillaume Libert montre joli­ment com­ment le mal­en­ten­du amou­reux peut être une chance pour que la jouis­sance condes­cende au désir et la pul­sion à la sublimation.

Sylvain Macalli, qui s’est inté­res­sé à l’album et au film Max et les maxi­monstres, nous enseigne com­ment le rêve et le fan­tasme consti­tuent un bord au déchaî­ne­ment pulsionnel.

Bernadette Colombel nous parle de la vio­lence inhé­rente à un album récent, Dans les yeux, de Philippe Jalbert, qui laisse le jeune lec­teur sans la res­source du sem­blant ni du voile.

Vous lirez éga­le­ment dans ce numé­ro spé­cial deux inter­views éton­nantes. Celle de Ludovic Debeurme, auteur, entre autres, de la bande-dessinée Epiphania. Vous y enten­drez l’énonciation sin­gu­lière de cet auteur qui explique l’origine de son désir de réa­li­ser un livre sur le thème d’enfants mons­trueux « ron­gés par la pul­sion de mort », selon l’expression d’Agnès Bailly.

Vous lirez éga­le­ment l’interview de Marie Lallouet, réa­li­sée par Ariane Chottin et l’équipe de para­doxes, qui évoque le der­nier numé­ro de la Revue des livres pour enfants dont elle est rédac­trice en chef : Les nou­veaux contours de la vio­lence » [5].

Enfin, ce numé­ro spé­cial se clô­ture sur deux textes cli­niques. Dans Dehors, Morgane Léger suit l’usage qu’un enfant de dix-huit mois fait d’albums jeu­nesse pour trai­ter un réel qui l’angoisse jusqu’à sa réduc­tion au signi­fiant : loup. Avec son texte Récré-livres, Adela Bande-Alcantud témoigne de la pro­po­si­tion faite dans une ins­ti­tu­tion de soins pour mettre des enfants à l’abri de la vio­lence de la cour de récréation.

Bonne lec­ture !

[1] Miller J.-A., « Enfants vio­lents », Après l’enfance, Paris, Navarin, coll. La petite Girafe, p. 200.

[2] Miller J.-A., « Une psy­cha­na­lyse a struc­ture de fic­tion », La Cause du désir, n° 87, juin 2014, p. 74.

[3] Leduc C., « Anti-social, tu perds ton sang froid ! », argu­ment pour la 5e Journée de l’Institut de l’enfant, ins​ti​tut​-enfant​.fr/​2​0​1​8​/​0​6​/​0​6​/​a​r​g​u​m​e​nt/

[4] Miller J.-A., « Enfants vio­lents », op. cit., p. 201.

[5] Revue des livres pour enfants, « Les nou­veaux contours de la vio­lence », Paris, Gallimard Jeunesse, n° 305 (paru­tion le 3 mars 2019).

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