Par Hervé Damase
La mise en place de l’Atelier de l’Institut de l’Enfant sur le thème de la sexuation à partir de la commission d’organisation de la JIE6 est effective. Alors que le premier numéro du Zappeur proposait trois textes d’orientation théorique, cette deuxième livraison vise à décliner comment chacune des instances qui composent l’IE peuvent s’approprier le thème pour un usage clinique. Parions qu’un nouage s’opère à cet endroit-là. Notre vœu est que le désir vers l’Atelier diffuse partout où sont implantées cette myriade d’instances de travail constituées d’analysants civilisés, tels que qualifiait naguère Éric Laurent ces agents de la cause analytique[1].
La question de l’enfant est intrinsèquement liée à celle du discours. Si la sexuation est un terme proprement psychanalytique, et qui en cela touche à l’éthique – elle est liée à l’expérience elle-même –, pour autant il ne s’agit pas de limiter notre abord du thème à la seule pratique analytique, laquelle n’en demeure pas moins le point de référence pour envisager la prise par les autres discours : le discours analytique est l’au moins-un qui fait obstacle à ce que les autres tournent en rond. Que ce soit dans le champ de l’éducation, voire de l’éducation spécialisée, dans le champ des pratiques sociales, de la médecine, à l’université, dans le juridique, etc., nombre de praticiens trouvent appui et orientation dans ce que l’invention de Freud et l’enseignement de Lacan ont produit comme savoir nouveau sur l’enfant. Un savoir qui ne vise pas à assujettir davantage l’enfant mais bien plutôt à le libérer de la détermination par l’Autre. Considérer que l’enfant est concerné par la sexuation, c’est justement lui restituer une responsabilité quant à son rapport à la jouissance, fût-elle à lui-même obscure. C’est par la pratique de la parole, dans le transfert, que ce lien trouve à s’élucider.
Concilier aujourd’hui la découverte freudienne en matière de sexualité infantile et l’invention lacanienne du concept de sexuation, c’est œuvrer pour les faire l’un et l’autre converger vers une pratique qui se met à l’écoute du parlêtre, lequel se définit comme celui qui se réduit à n’avoir qu’un corps pour parler. Cette pratique parie sur l’invention nécessitée par l’absence du rapport entre les sexes et vise un savoir nouveau. C’est là un réel qui fait la condition de tout un chacun, enfant ou pas.
À l’envers de l’injonction à l’uniformité, l’orientation analytique, dont le savoir s’extrait de la pratique, creuse son sillon toujours plus profond pour atteindre le plus particulier de chaque être parlant. Lacan nomme cela le sinthome. Vous l’aurez compris, notre adresse vise en retour un recueil des petites inventions mises en forme, une collection de sinthomessans pareils.
[1]. Laurent É., « Institution du fantasme, fantasmes de l’institution », Les feuillets du Courtil, n° 4, avril 1992.