8e Journée d'Étude

Rêves et fantasmes chez l’enfant

samedi 22 mars 2025

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Zappeur JIE7

Regan McNeil, un cas de résistance du surmoi à la Ritaline

Zappeur n° 31
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Regan, 12 ans, est choyée par sa mère, Chris. Ses parents ont divor­cé, son père vit à l’étranger et elle entend au télé­phone sa mère repro­cher vive­ment à son père de « ne même pas appe­ler sa fille pour son anniversaire ».

Regan devient très rapi­de­ment une enfant ter­rible, capable de repous­ser acti­ve­ment et vio­lem­ment celui, celle, qui se mêle de prendre soin d’elle. Sa voix change et devient celle d’un locu­teur ordu­rier et hai­neux, elle semble, elle-même, être l’objet de manœuvres repous­santes sur son propre corps. Les objets deviennent de redou­tables armes explo­sives à la mer­ci de sa volon­té tou­jours plus mena­çante, en même temps, elle appelle à l’aide.

Vous l’avez recon­nue, il s’agit de l’héroïne de L’Exorciste, film de William Friedkin sor­ti en 1973, qui connut un suc­cès mon­dial et fut aux USA un véri­table phé­no­mène de socié­té : c’est un film d’horreur, qui montre le réel d’une pos­ses­sion par le diable de la per­sonne d’une jeune ado­les­cente. Les méde­cins et la recherche scien­ti­fique sont impuis­sants. Seul un exor­cisme mené au bout, c’est-à-dire jusqu’au sacri­fice du prêtre qui, dans une lutte de corps à corps avec le démon, extir­pe­ra l’esprit malin, per­met­tra l’issue de ce trouble, trouble  qui s’avèrera pas­sa­ger puisque Regan aura tout oublié.

Plus qu’un film d’horreur, c’est un film qui fait hor­reur, on craint de le voir, de ne pas s’en remettre, on se sou­vient, jadis, être très vite sor­ti de la salle… Donc je ne l’ai vu que récem­ment et ce fut une sur­prise. Certes, Regan, enten­dant que son père s’éloigne d’elle, devient une enfant ter­rible, mais si sa mère est exas­pé­rée, c’est par l’Autre médi­cal, qui échoue à dire ce qu’il y a. Ils font ce qu’ils peuvent, ces méde­cins très scien­ti­fiques, mais leur atti­rail ne fonc­tionne pas :  il y a d’abord la Ritaline pres­crite à la pre­mière consul­ta­tion, puis l’explication neu­ro – il s’agit sûre­ment d’une lésion d’un lobe tem­po­ral. W. Friedkin montre alors com­ment les pra­tiques d’imagerie médi­cale, ou bien une ponc­tion lom­baire, peuvent être bar­bares. La patiente devient de plus en plus ter­rible, puisque cela ne relève pas d’un savoir scientifique.

En effet, le réa­li­sa­teur nous montre lit­té­ra­le­ment que c’est le sur­moi, obs­cène et féroce, qui est aux com­mandes et s’incarne comme jamais, pre­nant pos­ses­sion hai­neuse du corps de cette toute jeune fille.

Chris va alors sup­plier le Père Karras, prêtre for­mé à la psy­chia­trie,  enca­dré par le Père Merrin, exor­ciste recon­nu, archéo­logue répu­té, de leur venir en aide. Merrin croit à Dieu, donc à Diable, et Karras doute, mais croit à la véri­té de sa culpa­bi­li­té concer­nant la mort de sa mère. Il peut lire sur le corps de Regan une demande « help me ». S’en sui­vra l’acte qui le fait sor­tir de la scène avec le diable, qui cesse alors de para­si­ter le corps et la per­sonne de Regan.

À la fin du film, Regan McNeil, ayant oublié les évé­ne­ments ter­ribles, saute au cou d’un prêtre ami à la vue du col blanc et l’embrasse affec­tueu­se­ment, ce qui lui reste d’un trans­fert pourrait-on dire, un homme de confiance et qui ne risque pas d’épouser sa mère, puisque telle était sa ques­tion au début du film « vas-tu l’épouser ? ».