8e Journée d'Étude

Rêves et fantasmes chez l’enfant

samedi 22 mars 2025

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Zappeur JIE7

Actualité de la JIE7

Zappeur n° 40
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Dans le meilleur des cas, l’enfant naît malentendu.

Son cri ne reçoit sens que de son inter­pré­ta­tion au lieu de l’Autre. Il est donc d’abord et avant tout par­lé par l’Autre.

Il l’est d’autant plus qu’il est avant tout – là aus­si, dans le meilleur des cas – un « pôle d’attributs » [1], comme s’exprimait Lacan. Entendez qu’il sur­git dans une trame signi­fiante (une his­toire, dit-on) faite d’idéaux, d’attentes, d’espoirs, de craintes, de rejets, de trau­ma­tismes, de l’enfant que ses parents auront cha­cun été dans leur rap­port à leurs propres parents, et que sais-je encore.

Bref, il advient du lit d’un désir, de modes de jouir qui struc­turent une gram­maire conju­gale sin­gu­lière faite d’énoncés, de signi­fi­ca­tions, qui four­nissent les élé­ments pri­mor­diaux dont il se déter­mi­ne­ra en réponsecomme un sujet de l’énonciation à nul autre pareil.

C’est de lam­beaux [2] de la langue qui l’aura par­lé que ses symp­tômes, voire l’ensemble de son mode d’être symp­to­ma­tique, trou­ve­ront leur sur­dé­ter­mi­na­tion, comme s’exprime Freud. Lacan dira, lui, que le sujet s’en fera « l’alphabet vivant » [3].

Autant de S1 qui ne répondent pas d’une quel­conque domi­na­tion, mais du fait de struc­ture que « l’inconscient, c’est le dis­cours de l’Autre » [4]. L’être par­lant ne se réduit pas au fonc­tion­ne­ment de son cer­veau, il est un fait de discours.

Les dis­cours sur la paren­ta­li­té sont les nou­velles guises des prêts-à-porter qui tentent depuis tou­jours, par l’éducation, de venir col­ma­ter ce mal­en­ten­du fon­da­men­tal – non-rapport, dira Lacan. Ce qui de leur phi­lo­so­phie fait nou­veau­té (tout, loin de là, n’y est pas neuf) est une réponse au nou­veau qu’a intro­duit, dans ladite rela­tion parents–enfants, tour à tour la décons­truc­tion des rôles iden­ti­fi­ca­toires, la remise en cause de la ver­ti­ca­li­té des modèles édu­ca­tifs clas­siques, le droit à l’égalité des condi­tions, l’accès du sta­tut de l’enfant à la dimen­sion de sujet de droit, l’appel tou­jours plus grand à l’horizon d’une auto­dé­ter­mi­na­tion cen­sée libé­rer de la contrainte et pro­mou­voir la liber­té de choix, l’horizontalité des accès au savoir, voire à sa pro­duc­tion, la pro­li­fé­ra­tion des objets plus-de-jouir du dis­cours capi­ta­liste, jusqu’à l’accès, via le Web, à la por­no­gra­phie pour tous. Troubles dans l’éducation !

Quelles sont les formes symp­to­ma­tiques nou­velles – tant côté enfants que côté parents – qui résultent de ces formes rema­niées du dis­cours du maître ? Quelle inter­pré­ta­tion le dis­cours psy­cha­na­ly­tique peut-il en donner ?

C’est ce à quoi tra­vaille l’Institut de l’Enfant depuis plus d’un an, en pré­pa­ra­tion à sa 7e Journée qui en consti­tue­ra le point d’aboutissement. Cette pré­pa­ra­tion aura été remar­quée par la qua­li­té des contri­bu­tions pré­pa­ra­toires qu’elle aura géné­rées pour creu­ser et élu­ci­der le sillon de son thème : « Parents exas­pé­rés – Enfants ter­ribles ». De ce foi­son­ne­ment de tra­vaux issus de tra­vailleurs déci­dés, il me plaît d’en extraire un pour rendre hom­mage à tous les autres.

Je ren­voie ain­si le lec­teur au texte d’Adriana Campos, paru dans le Zappeur n° 30 [5]. Elle y pré­cise que « les bonnes inten­tions édu­ca­tives des parents contem­po­rains sont rat­tra­pées par l’insistance et les para­doxes de ce que Freud a iso­lé comme l’instance du sur­moi ». Nous savons l’interprétation que Lacan a pu en don­ner : à la fois comme por­teur de l’instance de l’interdit, mais dénu­dant tout autant sa face qui anti­cipe les pousse-au-jouir contem­po­rains. « Aussi libre ou posi­tive soit l’éducation qu’on lui donne, l’enfant ne pour­ra pas échap­per au domi­na­teur sadique qu’est le sur­moi. Mieux vaut lui four­nir quelques marques d’un désir non ano­nyme pour que, de la loi du lan­gage, il accède à une ver­sion plus huma­ni­sée. » Eh bien, rendez-vous le 18 mars !

 

[1] Lacan J., « Remarque sur le rap­port de Daniel Lagache : “Psychanalyse et struc­ture de la per­son­na­li­té” », Écrits, Paris, Seuil, 1966, p. 652.

[2] Lacan J., « La psy­cha­na­lyse et son ensei­gne­ment », Écrits, op. cit., p. 446.

[3] Ibid.

[4] Lacan J., « Remarque sur le rap­port de Daniel Lagache : “Psychanalyse et struc­ture de la per­son­na­li­té” », op. cit., p. 652.

[5] Campos A., « Pas d’enfance sans sur­moi », Zappeur, n° 30, publi­ca­tion en ligne en vue de la 7e Journée de l’Institut psy­cha­na­ly­tique de l’Enfant du Champ freu­dien, le 18 mars 2023, dis­po­nible sur inter­net https://​ins​ti​tut​-enfant​.fr/​z​a​p​p​e​u​r​-​j​i​e​7​/​p​a​s​-​d​e​n​f​a​n​c​e​-​s​a​n​s​-​s​u​r​m​oi/.