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Zappeur JIE7

Une banale histoire de famille

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Ils viennent tous les trois : la mère et ses deux enfants, un gar­çon et une fille. Le gar­çon est l’aîné. Il a un an et demi de plus que sa sœur. La mère se plaint : son fils est insup­por­table à l’école où l’institutrice ne veut plus de lui en classe s’il ne prend pas un trai­te­ment pour trai­ter son hyper­ac­ti­vi­té. Elle ajoute que son fils est épou­van­table avec sa sœur qu’il pro­voque régu­liè­re­ment et harcèle.

Il ne l’écoute pas. Elle n’a aucune auto­ri­té sur lui. La mère est débordée.

Le père, lui, est absent. C’est d’ailleurs sur ce constat que se ter­mine le pre­mier entre­tien. Enfin, pas tout à fait, puisque vient le regret, expri­mé par la mère, d’avoir connu le trau­ma­tisme d’une expé­rience désas­treuse avec un pré­cé­dent psy­chiatre qui aurait répon­du par une fin de non-recevoir à sa demande de pou­voir par­ler de ce qui la fait souf­frir : « Vous ne pen­sez pas que j’ai du temps pour vous écou­ter, mais je peux vous don­ner des adresses de psy­cho­logues pour cela ».

Le simple fait d’avoir pris le temps de l’écouter a plon­gé cette mère dans la divi­sion entre sa dou­leur, à elle, et la dou­leur occa­sion­née par ses enfants, et lui a fait regret­ter de n’être pas venue consul­ter un méde­cin prêt à entendre sa souffrance.

Je décide alors d’accueillir l’enfant et d’adresser sa sœur à une collègue.

Les grandes vacances passent. À la ren­trée, je reçois le fils et j’apprends par la mère que la sœur, ne s’estimant pas malade, n’a pas consul­té. Je m’étonne alors de l’absence du père. Rendez-vous est pris pour la consul­ta­tion suivante.

Lorsque le père se pré­sente, il décrit la situa­tion fami­liale très lar­ge­ment dans les mêmes termes que sa femme. Depuis la nais­sance de sa sœur, leur fils ne peut la sup­por­ter, il est violent envers elle. Le phé­no­mène s’est éten­du avec l’entrée à l’école pri­maire où des cama­rades sont venus atti­ser sa jalou­sie par rap­port à l’institutrice.

Le père se pré­sente avec beau­coup de bonne volon­té. Il veut paci­fier. En pré­sence de sa femme, il sou­ligne que l’important est situé au niveau de la mère qui est rapi­de­ment débor­dée par le conflit avec son fils. Il pense qu’il en veut à sa mère depuis la nais­sance de sa sœur.

Je fais sor­tir tout le monde pour entendre le fils. Dès les pre­miers pro­pos, sur­git une sur­prise. Le fils pro­duit ce « lap­sus »en une sorte de phé­no­mène de tran­si­ti­visme : dans son dis­cours, c’est sa sœur qui est l’aînée d’un an et demi et non lui, comme indi­qué par l’état civil.

Cette iden­ti­fi­ca­tion ima­gi­naire à l’autre est à la base d’une régres­sion topique au stade du miroir avec ses consé­quences agres­sives et vio­lentes dans la famille et à l’école. Ce lap­sus est très « par­lant ». Voilà sou­dain ce gar­çon com­plè­te­ment « sororisé » !

Ce que je retiens de cette ren­contre cli­nique, en plus du fait que l’analyse com­mence avec le un par un du trans­fert, c’est que ce sujet est sai­si de per­plexi­té face à cette « erreur ». Quel sera l’avenir de cette per­plexi­té que le sujet semble prendre comme une énigme ? Voyons com­ment l’in­cons­cient va répondre à ce chal­lenge « impos­sible », alors que jusque-là c’est le com­por­te­ment qui est venu en répondre à sa place.

Alors, oui, cela fait pro­messe, « d’in­tro­duire du nou­veau », comme le dit Lacan dans Télévision[1].

Attendons la suite… de ce début prometteur !!

[1] Lacan J., « Télévision » (1974), Autres écrits, Paris, Seuil, coll. Champ Freudien, 2001, p. 530.

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